Le gouverneur de la région de Mopti, le général de division Sidi Alassane Touré scellant la réconciliation entre les deux chefs de village peul et dogon (photo archives)
Le gouverneur de la région de Mopti, le général de division Sidi Alassane Touré scellant la réconciliation entre les deux chefs de village peul et dogon (photo archives)

Des individus armés ont attaqué dans la nuit de dimanche à lundi un village dogon de la zone de Bandiagara, près de Mopti (centre). Une partie de l’opinion estime qu’il s’agit d’une vengeance des Peuls contre les Dogons.
Le bilan officiel est estimé à une centaine de morts. Ce nouveau massacre survient trois mois après celui d’Ogassogou où quelque 160 Peuls avaient été tués.
Selon des témoins, les assaillants lourdement armés sont entrés dans le village “en criant Allah akbar, Allah akbar” (“Dieu est le plus grand” en arabe). Ils n’ont épargné ni femmes, ni enfants, ni bétail.
“Après, ils ont mis le feu aux greniers, aux maisons, et ont emporté les moutons et les bœufs. Nous n’avons plus rien, il y a des femmes enceintes parmi les victimes, et des enfants, nous avons tout perdu”, se lamente un habitant de la localité visée par l’attaque.
Vers 17H00 dimanche, les 300 habitants du hameau, au cœur de la plaine du pays dogon, pensent d’abord à une opération de “voleurs de bétail”, témoigne le maire de la commune rurale de Sangha, dont dépend le village.
Pas d’amalgame
Même si l’identité des assaillants n’est pas connue, beaucoup accusent les djihadistes du prédicateur peul Amadou Koufa d’avoir conduit cette attaque meurtrière.
Sans nier cette version des faits, Ali Nouhoum Diallo, l’ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, issu de la communauté peule, veut éviter l’amalgame.
“Nous allons nous employer à ce que les Peuls et Dogons se parlent. Et qu’on arrête ça. Nous devons comprendre que nous sommes tous un même peuple et que chaque fois qu’un Dogon tombe, c’est un Malien qui est tombé. Chaque fois qu’un Touareg tombe, qu’un Arabe tombe, tout ça, ce sont des Maliens”, affirme-t-il.
Apaisement
Les responsables de la communauté dogon tiennent eux aussi le même discours d’apaisement.
Le vice-président de l’Association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon – Ginna Dogon – estime que ces actes de violences sont commis par des extrémistes issues des deux communautés.
Mais celui-ci estime que cela ne devrait pas compromettre l’entente séculaire entre les deux peuples et il fustige aussi la passivité des autorités maliennes.
“Ce n’est pas une histoire entre Peuls et Dogons. Mais tous ceux qui connaissent la région savent combien ces gens sont entremêlés. Comme on dit chez nous, chacun à son Dogon. Chacun à son Peul. Il y a des Dogons qui ont été élevés par des Peuls. Il y a des Peuls qui ont été élevés par des Dogons. Brusquement, subitement, on dit non, ça ne vas pas entre eux. Il y a quelque chose. Mais malheureusement, notre Etat est incapable de nous protéger. C’est à dire que le gouvernement joue le rôle de croque-mort” explique Hamidou Ongoiba.
Le Premier ministre malien Boubou Cissé s’est rendu ce midi dans le village de Sobame Ba, où a eu lieu la tuerie.
Amadou Koufa
Les affrontements entre les Peuls et les ethnies bambara et dogon, vivant essentiellement de l’agriculture, ont débuté en 2015. Une période qui coïncide avec l’apparition du groupe djihadjiste du prédicateur Amadou Koufa.
Ce dernier recrute parmi les Peuls, traditionnellement des éleveurs. Mais la conséquence est l’amalgame parfois réalisé entre les Peuls et les terroristes.
Source: dw.com